Carnet de création – La culture de l’impact positif

La culture de l’impact positif : une contre-culture d’entreprise, et comment se l’approprier ?  

  

Si le chef d’entreprise du siècle dernier se considérait communément comme seul dans sa tour d’ivoire, sans autres liens que ceux l’unissant à ses employés, ses clients, et ses actionnaires, l’entrepreneur d’aujourd’hui a conscience de son rôle dans son écosystème et de l’impact qu’il génère, dès la création de son entreprise. 

La banalisation du mot même d’écosystème, relativement récent, en témoigne !  

Comme le monde qui l’entoure, et la société avec laquelle il interagit, l’entrepreneuriat s’est radicalement transformé ces dernières années  à contre-courant de tout ce dont on l’avait nourri pendant des décennies.  Une métamorphose en cours qui nous pousse, tous, à nous remettre en question, à faire évoluer notre vision, nos projets et nos modes d’action. Un mouvement global dont nous sommes parties prenantes.  

La notion de culture d’entreprise doit donc, elle aussi, être reconsidérée, à l’aune de l’impact de l’entreprise sur son environnement et sur la société. Dans cette rupture, la culture de l’entreprise, unique en soi puisqu’elle traduit sa personnalité, intègre chaque jour un peu plus l’impact qu’elle engendre. Jusqu’à se renouveler comme culture de l’impact positif. Celle-ci ne remplace pas la culture d’entreprise, propre à chaque organisation : elle en est le moteur, ou le fil conducteur.  

Mais comment s’approprier cette nouvelle forme de culture entrepreneuriale et façonner tout ce qui caractérise mon entreprise, très en amont, dès le projet de création, autour d’un objectif global : avoir le minimum d’impact, et un impact positif, sur ce qui m’entoure ? Générer un impact positif demande beaucoup d’authenticité et de travail sur sa mission, ses valeurs et son produit, que l’on soit à l’étape de création, en phase de croissance ou en phase de stabilité de son organisation, pour repenser à nouveau les fondamentaux et les moyens d’action.  

L’authenticité, l’entrepreneur qui “veut du sens, de l’impact et un business pérenne”, peut la trouver et la nourrir, avec un peu d’introspection, en apprenant à mieux se connaître lui-même.  

Le travail pour créer et faire vivre une culture d’impact positif s’appuie sur des étapes de réflexion et d’actions. Il peut faire appel à des techniques ou à une méthodologie. La culture d’impact s’autoalimente, comme elle se consolide et se transforme, au rythme de la vie de l’entreprise. Elle transforme aussi l’entrepreneur !  

Au départ, une question obligatoire : pourquoi est-ce que j’entreprends ? Quelle trace ai-je envie de laisser ? Portée par le (s) fondateur (s), la culture de l’impact positif naît, idéalement, avec le projet. L’intention préalable des fondateurs en est le garant. Mais quel que soient le calendrier et le stade de développement de l’entreprise, il n’est jamais trop tard pour clarifier son objectif, le dérouler et tenir le cap.  

Pourquoi ? Parce que l’un des atouts majeurs de la culture d’impact positif, c’est qu’elle ne génère que des bénéfices positifs pour les entrepreneurs et les entreprises qui se l’approprient. Ce qui n’exclut ni la difficulté, ni les échecs, et surtout pas les remises en question. Des bénéfices à parts égales, pour soi-même et pour son business :  

  • Le premier des bénéfices, et non des moindres, est personnel : la fierté de contribuer à créer un monde désirable parce que durable. Le “bon égoïsme”, ou le sentiment d’être du “bon côté”, et la joie qui constitue un moteur puissant, une source d’énergie pour atteindre ses objectifs en tant qu’entrepreneur. 
  • La culture d’impact positif crée les conditions de la pérennité de son entreprise : elle contribue à sécuriser son business par l’impact positif de l’entreprise sur son environnement. En contribuant, par ses choix et son activité, à apporter des solutions aux enjeux climatiques, environnementaux, sociétaux… L’entreprise se construit un avenir meilleur. 

Quelles sont les 5 étapes de l’entrepreneur qui “veut du sens, de l’impact et un business pérenne”  ?  

Étape 1 : clarifier mon objectif et mes possibilités. Plusieurs niveaux de choix sont possibles, selon l’entreprise et son stade de maturité.  L’objectif peut être : 

1 – Niveau 1 – Réduire l’impact environnemental et sociétal, en définissant et mettant en œuvre une stratégie RSE 

2 – Niveau 2 – Compenser l’impact de son activité, en redistribuant une partie de la valeur dans des actions portées par une Fondation ou par la restitution de quotas carbone, par exemple.  

3 – Troisième niveau d’objectif, le plus exigeant : engager toute l’organisation pour un impact positif, où la rentabilité est un moyen, et non une fin, dans le cadre d’une société à mission, labélisée ou non (BCorp, Entreprise à Mission, ESUS…). 

Les deux premiers objectifs ne peuvent être initiés qu’en ayant en ligne de mire le troisième niveau, au risque de tomber dans le Greenwashing. Par ailleurs, le choix d’un label, lié au troisième objectif, doit être questionné « ce label joue-t-il un rôle de garde-fou de nos tentations destructrices ? ou au contraire peut-il être l’arbre qui cache la forêt et devenir un outil de purpose washing ? » 

Étape 2 : fédérer autour de l’objectif, de la définition de la mission et des valeurs de l’entreprise. Il s’agira de réunir toutes les parties prenantes (investisseurs, fournisseurs, clients…), d’expliquer, de sensibiliser, voire de former. Il s’agira aussi d’engager les collaborateurs.  

Étape 3 : donner envie et rendre concret. Il est important de lister les impacts concrets de ces décisions, en termes de gouvernance, de choix des fournisseurs, de rémunérations, de décisions commerciales.  

Étape 4 : proposer un plan d’actions et un business plan. Évaluer les budgets nécessaires pour mettre en œuvre les choix stratégiques (organisation RH, bureaux, équipements, mobilité…).  

Étape 5 : dérouler, ajuster et tenir le cap ! Piloter, mesurer avec les indicateurs prédéfinis, corriger si nécessaire et partager les avancées ! 

Témoignages :  
Hugo Simon Chautemps, co-fondateur de Conformitee 
« La culture de l’impact positif est impulsée chez Conformitee par les collaborateurs décidés à faire bouger les choses. Je l’ai d’abord accueillie avec une curiosité bienveillante : des idées certainement positives, mais à quel point infusent-elles dans nos habitudes et pour quel impact ? Les initiatives se mettent en place de manière pragmatique, d’autant plus que la sobriété se conjugue naturellement avec l’efficacité. Avec notre Product Owner formée à l’écoconception, nous confirmons qu’en développant des produits plus vertueux, nous gagnons aussi en performance et en coût d’exploitation. Avec des pratiques de télétravail adaptées à notre activité, nous choisissons des bureaux avec une taille minimale, et nous réduisons les trajets domicile-travail carbonés pour parler prime mobilité. Lorsque nous nous retrouvons, c’est au restaurant avec plats végétariens au menu. Déjà une douzaine d’initiatives, et oui, elles infusent naturellement, et elles font la différence !  
To be continued! » 

Saena Guillon, fondatrice de Viaco et Membre du conseil d’administration de Construct Lab 

«  Je n’imaginais pas de devenir entrepreneur avant de l’être… Après avoir initié des ateliers de co-construction avec les clients en tant que salarié, j’ai eu envie de lancer mon propre projet et de contribuer à la transformation de la grande famille du BTP. En suivant cette approche magique de co-construction qui est au centre de la démarche. C’est ainsi qu’est née Viaco Once For All, autour de deux vocations : répondre aux besoins des entreprises d’évaluer leurs fournisseurs sur la RSE, et réinventer le panneau de chantier. Etre entrepreneur, c’est avoir l’opportunité de partager et de transmettre ses valeurs. Quand nous construisons des solutions ensemble, c’est aussi (et surtout) ce que nous faisons ».  

Pour aller plus loin :  

  • Les livres : 
  • L’entreprise comme commun. Au-delà de la RSE, Swann Bommier et Cécile Renouard 
  • Grow Small, Think Beautiful: Ideas for a Sustainable World from Schumacher College 
  • From What Is to What If : Unleashing the Power of Imagination to Create the Future We Want, Rob Hopkins 
  • Ralentir ou périr : L’économie de la décroissance, Timothée Parrique