Carnet de création – L’Advisory Board

L’Advisory Board : remettez du vent dans les voiles de votre gouvernance 

Le monde tremble. Le constat est sans appel, notre société incertaine et vulnérable est aujourd’hui projetée dans une mouvance effrénée qui impose aux dirigeants, de la start-up à l’ETI, une écoute et une agilité multi-sectorielle intenses : crise sanitaire, renversements économiques, politiques et climatiques, tsunami du digital et de l’IA, cybersécurité, nécessité du respect du vivant, impératif du green business, recentrage de la ressource humaine, parité, féminisation des fonctions dirigeantes.  

Par ailleurs, les vieux schémas, issus du patriarcat, de logique de rapports de force, de pensée unique et d’individualisme s’épuisent et ne sont plus alignés avec un monde en révolution permanente. Il est devenu impératif que les entreprises naviguent en mode ultra-rapide avec une vision augmentée de la société. La décision prise hier sera obsolète demain. Comment faire aujourd’hui un business plan sur 4 ans ? Quelle gouvernance mettre en place pour ne pas se retrouver hors course ? Vous rêvez d’une douce incision dans ce brouillard ? Jetez donc un œil du côté de l’Advisory Board. 

Qu’est-ce qu’un Advisory Board ? 

L’Advisory Board est un comité consultatif externe à l’entreprise, composé d’experts, qui vous aide à grandir plus vite.  « C ’est une forme très particulière de board, généralement sans existence juridique et qui n’est pas une instance de prise de décision stratégique mais de prise de recul pour les fondateurs. Il est donc par nature « facultatif », donc mon conseil zéro c’est de ne pas faire l’impasse dessus et de l’envisager très sérieusement ! », déclare Amaury Célier, International Expansion Advisor chez Valgo. 

L’Advisory Board  permet une vision augmentée de l’entreprise en intégrant la richesse humaine qui nous entoure. L’ Advisory Board est par essence même le berceau de l’intelligence collective. Il conjugue talents, compétences, expériences, multitude de points de vue, visions extérieures et croyances diversifiées qui viennent se poser en accélérateur des organisations. Selon Nicolas Barbet, DG de Kanopee, l’Advisory Board agit  « en turbo sur le moteur des actionnaires. C’est un tiers de confiance, un expert positionné à la bonne distance pour booster l’équipe dirigeante et qui participe à élever le débat et à désenclencher les rapports de force. » 

L’ Advisory Board permet de changer les postures et les modes de pensée, il amène un effet régénérant en mixant les populations, les genres, les âges, les expertises.  En créant un Advisory Board, vous vous entourez de personnes extérieures qui vont poser un œil neuf et expert sur vos  problématiques et suggérer librement un éventail de questions, de la plus simple à la plus incongrue. Elles vont ainsi bousculer vos décisions, voire les réorienter. Jean-Michel Bérard, PDG d’Esker, est au board de 5 entreprises (de la start-up à l’ETI, en passant par une école de commerce, l’ESDES), relate ces virements de bord qui peuvent jouer un rôle déterminant dans la réussite de l’entreprise : « la décision de la start-up Cygogn qui était partie sur un modèle à base de référentiel a finalement retenu mon conseil d’utiliser l’intelligence artificielle ». Il préconise également de s’entourer, au sein du board, de « tous les domaines d’expertise avec des compétences diversifiées : technique, commercial, marketing, finance, cybersécurité.  Il faut adopter une posture de pédagogie humble et bienveillante qui suscite à la fois l’ouverture du prisme, de nombreux questionnements et des effets miroir. Le fondement de la valeur repose sur des encouragements réellement argumentés. » 

Dans l’Advisory Board, la parole est « libre et sans tabou », explique Amaury Célier. « C’est surtout la qualité relationnelle qui permet de traiter productivement les inévitables tensions liées aux sujets stratégiques entre entrepreneurs et financiers ». Cette liberté de parole n’est possible que dans la bienveillance et le respect de l’autre et amène progressivement au lâcher prise et à des relations apaisées sans rapport de force. L’ Advisory Board étant un organe consultatif qui n’a pas le droit de vote, il fait naître une relation d’écoute au sein de laquelle le pouvoir appartient davantage à celui qui contribue à l’intelligence collaborative qu’à celui qui possède le droit de vote. Il agit comme un casseur de codes dans les discussions et les prises de décision. 

Du côté des utilisateurs, Quentin Archambeaud et Olivier Rataud, co-fondateurs de la start-up Arquos, ont immédiatement adopté un Advisory Board. Après un parcours de plus de 10 ans dans le secteur des ascenseurs, avec, respectivement, une casquette de Directeur commercial et une de DG, la volonté de partir avec un collectif et l’idée de s’entourer d’experts était évidente. Avec l’aide de Renaud Sornin et Nicolas Barbet – co fondateurs de Kanopee, ils ont identifié « dans leur réseau respectif des profils hyper complémentaires par rapport à leur expertise d’origine », afin d’aller plus vite dans le développement de leur start-up.  

La volonté commune et affirmée de vouloir travailler ensemble est l’une des clés de la réussite pour constituer un board efficace, suivie de l’engagement total des membres et de leur appétence à partager et à transmettre. Ne pas oublier que la réussite d’un board ne peut se faire que dans le temps : l’assiduité est donc essentielle. La mise en place d’un actionnariat modéré (1 à 3% du capital de l’entreprise) permet de « renforcer le projet commun, de définir un cadre moral et d’assurer l’assiduité de ses membres ».  L’actionnariat est un moyen de créer de la pérennité. 

Caroline Thelier, VP Global Merchant Go-to-Market chez Paypal US et co-founder d’AddicTrip, un site de voyage utilisant l’AI, entérine ce contrat « assiduité, partage et actionnariat ». Elle se définit comme multi-entrepreneuse, à la fois au sein de PayPal (10 fonctions différentes en 12 ans), et au sein des start-up dont elle est membre du board. C’est un membre plus qu’enthousiaste de la pratique de l’ Advisory Board qui déclare : « être au board de start up est une vraie expérience « give & get » qui me permet de partager mon expérience mais aussi de développer ma curiosité et ma créativité au service de mon employeur ». Elle déclare que pour que les membres des « boards soient engagés dans l’aventure, il faut créer du « skin in the game », une forme d’implication totale, être présent à tous les rendez-vous, aider en dehors des rencontres formelles, faire des suivis individuels et informels avec les équipes, partager son réseau et faire les bonnes mises en relation ».   

Le phénomène de l’inattendu 

Pas de routine dans les Advisory Boards, le défi est toujours dans la pièce. Quentin et Olivier en sont friands d’ailleurs. Le truc lisse leur fait horreur. « Notre idée, notre plan, que nos membres nous challengent et nous bousculent. Et ils le font ! L’intérêt c’est que ça bouge et que l’inattendu surgisse », déclarent Olivier et Quentin. Ce que confirme, d’ailleurs, Nicolas Barbet  : « c’est une bonne réunion, s’il y a eu du challengeant, de l’exigeant et de l’inattendu ! » 

Mais l’inattendu, ça se prépare ! La préparation est primordiale pour réussir un board.  Elle permet de réfléchir aux problématiques concrètes à soumettre au board. « Par la reformulation que nous demandent nos membres, on prend déjà de la hauteur, on remonte d’un cran, on recontextualise et on réfléchit différemment ». Pour nous ,« l’Advisory Board, c’est l’hélicoptère qui survole le peloton », affirment Olivier et Quentin. 

Les chiffres confirment le bénéfice et la valeur ajoutée d’un Advisory Board sur les start-ups « A court et moyen terme, celles-ci réussissent des levées de fonds 7 fois plus importantes que leurs consœurs sans Advisory Board, selon une étude menée par Techstars. Un impact très positif à long terme également : selon une étude menée par le National Bureau of Economic Research, les startups avec Advisory Board ont de meilleures chances de survie et de croissance ». 

Dans un board, je m’élève 

Nicolas Barbet souligne « qu’un Advisory Board permet de recentrer le débat à la manière d’un sage. L’actionnaire est tenté par le contrôle, alors qu’un Advisory Board ne prendra jamais le volant ». L’Advisory Board nous rappelle que la rencontre est vitale et grandissante et que nous n’avons plus d’autre choix que de nous rassembler pour construire ensemble. Dans l’Advisory Board, réside une force immaitrisable, celle de sublimer le potentiel du collectif. 

Renaud Sornin nous confie que « L’Advisory est le paradigme attendu qui contribue à une transformation sociétale qui s’avère de plus en plus évidente. Loin des rapports de force, l’Advisory Board fait naître une relation d’écoute au sein de laquelle l’être humain est pleinement considéré ». On ne sauvera pas le monde avec des rapports de force, mais bien dans des croyances complètement inverses. Dans un monde en quête de repères, il faut des relations de confiance, de l’adaptabilité, un libre dialogue, de la pluralité des points de vue, de l’agilité, de l’intelligence collaborative, du mix de croyances, du lâcher prise, du développement des rapports humains pour prendre des décisions. Il y a urgence à mixer tout cela dans des relations apaisées et sans rapport de force avec des croyances différentes. » 

Une aventure humaine 

Tout le monde en convient aisément, pour aller plus loin, il ne faut ni s’affranchir de la connaissance ni du recours à l’autre. L’Advisory Board est la respiration nouvelle qui ne sanctionne plus les valeurs humaines. Il permet le partage de la connaissance et la stimulation, dans un espace sans carcan qui privilégie la bienveillance et la confiance mutuelle.  L’Advisory Board permet de créer une cascade de pensées collectives, essentielles et bénéfiques.  

Caroline Thelier nous rappelle d’ailleurs : « companies don’t do things, people do”. Une entreprise est avant tout une aventure humaine. Pouvoir s’entourer d’hommes et de femmes compétents, connectés et bienveillants est clé pour le succès d’une start-up »